Cet éternel voyageur ne pouvait pas faire escale à Roquebrune Cap-Martin, sans saluer un autre prince, celui de Monaco, venu en voisin.
La chute du mur de Berlin en 1989 aurait pu ouvrir au prince. Michel de Yougoslavie la perspective d’un retour dans l’ex-Yougoslavie. Mais fraîchement diplômé de l’European Business School de Paris, il part vivre le rêve américain avant de se consacrer à sa passion : la photographie d’art.
Or ce prince par ses parents est lié à toutes les familles royales d’Europe. Sa mère est Maria-Pia de Savoie, fille d’Umberto II, ex-roi d’Italie, sa grand-mère maternelle est la princesse Marie José de Belgique, fille d’Albert 1e, roi des Belges, sa grand-mère paternelle est la princesse Olga de Grèce et de Danemark, etc.
Une passion naissante
Son diplôme en poche, il quitte la ville-lumière. Après six mois de formation dans une banque de Mexico, et six autres mois au Brésil, il s’arrête pour des vacances aux États-Unis : « J’étais en Floride, et après une semaine sur la plage, je me suis ennuyé. J’ai alors commencé à travailler dans l’immobilier de luxe, un peu au hasard, et je suis resté 10 ans. » Une décennie de transactions commerciales réussies, suivie de dix autres années à New York. Une époque heureuse au cours de laquelle Michel de Yougoslavie poursuit ses voyages, et apprend à regarder.
Un exercice qu’il pratiquait déjà dans ses jeunes années. Les longues promenades dans le château de Versailles avec sa mère. L’élégance classique des perspectives et des volumes…« Comme nous n’étions pas riches, plutôt que d’acheter, ma mère changeait souvent la place des meubles. Les volumes et les perspectives évoluaient sans cesse… » Il rendait également visite à son Grand-Père maternel, Umberto II, le dernier roi d’Italie qui régna 35 jours en 1946.
Exilé, ce dernier s’installe au Portugal tandis que son épouse Marie Josée vit en Suisse à Gy, près de Genève. « A chaque visite, dans chaque pays, je visitais les salons d’Art. J’y retrouvais tout un groupe d’amis…Pendant ces années, j’aiguisais mon regard sur l’art, les peintures, mais aussi sur la photographie. »
Pendant 20 ans, voyageur permanent, Michel a toujours son appareil photo avec lui. Un Leica numérique, avec lequel il travaille entre une et deux heures par jour.
Ses photos sont à son image : soignées, rigoureuses, où chaque détail est pensé, un peu « comme un tableau« . Il expose pour la première fois à Genève en 2014. Le succès est immédiatement au rendez-vous.
Territoires et blasons
Passionné d’héraldique, le Prince voit les territoires à travers leurs blasons, cela génère une idée créatrice immédiatement soutenue par son curateur Gilles Bastianelli : « Territoires et Blasons » est née.
Dans une même image, un paysage est associé à son blason, découvrant ainsi un territoire à la lumière du langage emblématique de ses armoiries. Selon un principe d’Art optique, le paysage fixe devient mobile, le regard de l’observateur suffit à le mettre en mouvement.
Les premiers opus sont présentés lors de festivals à Séoul en 2019 et en Chine en 2020 pendant la pandémie.
Dernièrement une double exposition simultanée s’est déroulée en France, à Roquebrune Cap-Martin sous le Haut Patronage de S.A.R le Prince Albert II de Monaco. Elle se déployait aussi en même temps à Goyang près de la DMZ (frontière entre les deux Corées). Les territoires photographiés sont nombreux : « Love Lake » est une photo aérienne d’un lac artificiel composé de deux lacs entrelacés en forme de cœur, dans le désert de Dubaï. « Land Art » symbolise un projet de transformation du désert en forêt en Afrique.
Quant à Monaco, pourtant très souvent photographié, le Prince de Yougoslavie en offre une nouvelle vision : une coupole imaginaire, constituée d’un bouclier effilé tenu par des frères moines brandissant une épée, protège la Principauté, alors que son reflet dans l’eau du port Hercule protège les océans. Un bel hommage.