Depuis 2007, Audi Talents valorise l’avant-garde dans la création en soutenant les talents émergents. Jusqu’au 8 janvier, l’exposition « Dans 150 ans, la ville sera… » laisse s’exprimer les anciens lauréats qui partagent leur vision en complétant la phrase par une œuvre originale. A faire sans attendre !
Distingués pour leur capacité à innover et à porter un regard différent sur le monde, plus de 50 lauréats ont été accompagnés depuis plus d’une décennie, en arts plastiques, design, création audiovisuelle, musique à l’image par le biais de Audi Talents. A l’occasion de son quinzième anniversaire, le programme s’empare de la thématique de la ville en mettant en lumière les nouveaux regards contemporains portés sur le futur urbain. Intitulé « Dans 150 ans, la ville sera… », ce projet rassemble onze oeuvres originales réalisées par onze lauréats Audi talents, visibles sur les sites internet et les réseaux du Palais de Tokyo et de Audi talents. « Les statistiques prédisent qu’à la fin du 21ème siècle, 70% de la population mondiale vivra en ville… Mais cette ville sera-t-elle « sensuelle », écologique et construite pour mieux vivre ensemble comme l’espère l’architecte Jacques Ferrier, ou au contraire appauvrie, chaotique et générique comme l’analyse aujourd’hui Rem Koolhaas ? » souligne Gaël Charbau, le commissaire de cette passionnante exposition qui se tient au Palais de Tokyo.
Avec 11 nouvelles créations, les plasticiens livrent leurs intuitions sur le monde de demain dans des regards singuliers tournés vers l’avenir. On aime tout particulièrement le projet de l’artiste Grégory Chatonsky. En effet, le plasticien et chercheur nous présente ici une œuvre co-réalisée avec une intelligence artificielle. L’imagination artificielle et les réseaux de neurones récursifs avec lesquels il a travaillé l’ont amené à cette synthèse d’un monde creusé de toute part où l’espèce humaine tente de survivre : « L’exode de la population mondiale vers les villes est l’un des traits principaux de la modernité depuis le 19ème siècle. Dans le contexte actuel, et en particulier à la suite du confinement, l’espace urbain est apparu à beaucoup comme mortifère et pour tout dire invivable. Plutôt que de proposer des solutions à cette inhabilité des villes selon le régime utopique de la modernité, je propose ici de me plonger dans cet avenir probable de l’extinction de l’espèce humaine ».
Un paysage presque idyllique.
« La ville deviendrait alors un champ de ruines dont les éléments pourraient être utilisés par une intelligence artificielle essayant de se recomposer un corps et de se protéger du monde extérieur en vue de créer une intériorité. L’image et le texte ont été créé en collaboration avec une intelligence artificielle, de sorte que je ne sais pas quel a été mon apport et quel a été celui de la machine, me perdant en elle et la perdant en moi. » On salue aussi l’œuvre musicale de Thomas Karagiannis qui nous transporte dans une cité qu’il imagine claire et radieuse. L’artiste voit un environnement urbain où la matière, augmentée du progrès, deviendrait transparente, offrant aux regards quelques éléments architecturaux gigantesques mais où les éléments naturels seraient préservés.
Un paysage presque idyllique où seul le doute d’un avenir incertain resterait présent dans l’esprit de l’espèce humaine. Après avoir inauguré l’exposition de son premier lauréat Cyprien Gaillard au Palais de Tokyo, Audi talents nous plonge ici dans un concert de propositions à la fois optimistes, humoristiques ou dystopiques à travers ces onze réponses inédites qui nous parle de photogrammétrie, de choix « techno-sociétaux », de synesthésie urbaine, de codes de la virtualité, de cité urbaine colorée, tentaculaire et mutante ou de « blob d’habitation »… Fascinant et inspirant !
Journaliste spécialisé en art contemporain et design, Clément Sauvoy est également commissaire d’exposition et collectionneur.
Contact Instagram