Œuvre d’un passionné, la Devalliet Mugello cache sous ses lignes rétro un châssis et un moteur tout à fait modernes. Les performances très actuelles se mêlent avec bonheur aux sensations d’antan.
De plus en plus de constructeurs semblent oublier que la légèreté est l’amie de la sportivité. Sous la pression des normes européennes d’émissions de CO2, l’électrification s’invite dans les gammes. Les électrons boostent les accélérations et les chiffres de puissance, tout autant que le poids, batteries obligent. S’il en fallait une preuve, la dernière Mercedes-AMG C63 hybride rechargeable dépasse allègrement les deux tonnes ! Et c’est le lot de plus en plus de modèles performants. Certains, pourtant, s’opposent à cette spirale infernale. Devalliet, un nouveau constructeur installé près de Grenoble, en est la preuve aussi vivante que passionnante : son premier modèle, tout juste lancé, ne pèse que 680 kg. C’est encore plus léger qu’une Alpine A110 !
Créée par Hervé Valliet, la marque Devalliet n’a pas pour ambition d’atteindre des volumes de production immenses et des dividendes indécents. Une quinzaine d’exemplaires vendus chaque année suffiraient à assurer le salaire des artisans qui assemblent cette auto à la main. Si l’initiateur de cette aventure s’en tient à cet objectif modeste, c’est qu’il est aussi le dirigeant de Sori, une florissante entreprise de tôlerie fine spécialisée dans les servantes d’outillage. A côté de la manufacture Devalliet, celle-ci dispose d’un outillage dernier cri, avec notamment des machines de découpe laser à commande numérique, qui permettent de produire des pièces en toute petite série… Et donc d’alimenter la fabrication du châssis de la petite sportive faite maison. La production est artisanale, au sens le plus noble du terme, puisque les pièces qui constituent l’auto sont réalisées avec une précision exceptionnelle.
Par son nom qui évoque le circuit préféré de Ferrari pour effectuer ses essais de Formule 1, la Devalliet Mugello témoigne de la passion qui anime les équipes de cette nouvelle marque. Ce roadster aux dimensions compactes (plus petit qu’une Peugeot 208) affiche des lignes inspirées des monoplaces de course des années 1960. La face avant à double entrée d’air se veut un hommage à la mythique Ferrari 156. A bord, la sellerie en cuir (réalisée à un jet de pierre de la manufacture Devalliet) et le volant Moto-lita transportent dans une autre époque. Chaque client peut personnaliser son auto dans le moindre détail. La carrosserie en fibre de verre peut être peinte sur échantillon, alors que la façade de planche de bord peut être assortie à la carrosserie, recouverte de cuir ou habillée d’aluminium bouchonné. Voilà de quoi ravir l’amateur de voiture ancienne.
Mais sous ces dehors rétro, la mécanique est, elle, bien actuelle. Le moteur quatre-cylindres turbo 1,6 litre provient de chez Peugeot. Si la puissance de 225 ch paraît dérisoire par rapport à ce qu’annoncent les supercars gavées d’électrons, il faut la remettre en ligne avec le poids plume. Voilà un rapport poids/puissance similaire à celui d’une Porsche 911 GT3, dont jamais personne ne s’est plaint du manque de coffre. Le châssis, quant à lui, est entièrement constitué d’aluminium. Sa rigidité n’a rien à envier à celui d’une Lotus Elise et les trains à double triangulation sont réglables en tous sens, avec une conception inspirée des voitures radiocommandées qui passionnent Hervé Valliet.
Alors que les cabriolets se font de plus en plus rares sur le marché, rouler dans auto aussi exposée aux éléments que la Devalliet Mugello 375 F apparaît totalement dépaysant. La pression de l’air sur l’épaule gauche à mesure que la vitesse s’accélère est une sensation véritablement unique. En conduite sportive, on perçoit la chaleur du moteur pénétrer à bord. Un véritable retour dans le temps… tout comme l’absence totale d’aides à la conduite. Il faut appuyer fortement sur la pédale de frein, non assistée. Et modérer son pied droit en sortie d’épingle à cheveux : il n’y a pas d’antipatinage.
Ces sensations brutes n’empêchent pas la Mugello de tenir la comparaison avec d’autres sportives nées dans les années 2020. L’accélération de 0 à 100 km/h, expédiée en 4,6 secondes, en est la preuve. Il faut, au premier abord, un certain courage pour garder l’accélérateur soudé au plancher jusqu’à la zone rouge. Dans une sonorité rauque, le quatre-cylindres Peugeot catapulte véritablement cette légère auto. Au bout de quelques kilomètres, rassuré par l’équilibre et l’efficacité du châssis, on en redemande.
Malgré ses performances, la Mugello reste très facile à appréhender. Le choix de pneus Michelin destinés aux voitures de collection, moins adhérents que des gommes dernier cri, rendent les réactions plus progressives. Hervé Valliet nous a fait essayer un des tous premiers exemplaires de série. Réglé pour rassurer son pilote, celui-ci affiche une stabilité impressionnante, tout autant qu’une légère paresse en entrée de courbe. Mais ceux qui veulent un comportement plus incisif n’auront qu’à le demander : Devalliet se promet d’adapter les réglages du châssis aux désirs de chaque client. Une véritable fabrication à la carte !
Fiche Technique
Moteur : quatre-cylindres en ligne turbo 1.598 cm3
Puissance : 225 ch à 5.500 tr/min
Couple : 300 Nm à 2.250 tr/min
Transmission : propulsion, boîte manuelle à six rapports Mazda
Dimensions : 3,86 m x 1,76 m x 1,08 m
Poids : 680 kg
Pneumatiques : Michelin Classic XVX 205/70 VR15 90W
Réservoir : 34 litres
Coffre : 300 litres
0 à 100 km/h : 4,6 s
Vitesse maximale : 220 km/h
Consommation moyenne : 5,2 l/100 km
Émissions de CO2 : 127 g/km
Prix : 88.400 €
Publié dans le numéro 112 d’Edgar