Avec ses prix plutôt raisonnables, cette foire française dédiée à la scène française grimpe en niveau et gagne une vraie crédibilité sur le marché de l’art. Direction donc le Grand Palais, où elle fait son grand retour, pour y découvrir, jusqu’à dimanche, des propositions artistiques aussi alléchantes qu’enthousiasmantes !
De retour « au bercail », l’édition 2025 d’Art Paris est attendue et observée avec la plus grande attention par le marché de l’art et un public de fidèles qui a vu la foire se bonifier au fil des ans. Les propositions qui affichent, depuis 2018, un soutien à la scène hexagonale font recette et captent l’attention des collectionneurs qui saluent unanimement la rigueur et le flegme de Guillaume Piens, Commissaire Général de la foire. Dès notre arrivée sur place, nous sommes saisis par l’installation XXL, sur le parvis du Grand Palais, baptisée Monumental et qui est une première collaboration entre Sophie Ryder et la galerie Gowen. Cette année 170 exposants de 25 pays (+34 exposants par rapport à 2024) font acte de leur vision sur une prometteuse édition qui accueille, en tandem, deux commissaires d’exposition (Amélie Adamo et Numa Hambursin) rendant un hommage appuyé à la peinture figurative française. Ce parcours, qui s’inscrit dans le prolongement de l’exposition Immortelle au MO.CO. de Montpellier, est l’un des points forts de l’opus du printemps 2025. Ce chapitre majestueux donne la voix à des artistes émergents mais aussi à des figures tutélaires pour mieux mettre en lumière les enjeux picturaux dans un esprit de découverte et de redécouverte propre à Art Paris.
Foire d’ouverture et de curiosité, la manifestation parisienne affirme son ancrage en présentant une voix française qui n’est pas chauvine. Soignés et choyés par les équipes de l’évènement, les collectionneurs VIP porteront une attention particulière au secteur Promesses qui a été renouvelé. En effet, Art Paris s’engage plus que jamais envers les jeunes galeries douée d’un flair et se fait tremplin pour la vibrante création émergente. Ainsi, pas moins de 25 galeries de moins de 10 ans d’existence ont été ainsi sélectionnées par Marc Donnadieu membre du comité de sélection d’Art Paris et commissaire d’exposition indépendant, pour ce secteur plein d’enjeux qui se déploie pour la première fois le long des balcons du Grand Palais. Celles-ci peuvent présenter un maximum de trois artistes et 45 % du coût de la participation est pris en charge par la foire. Très international avec 59 % de participation étrangère, Promesses accueille, à l’occasion de cette 27ème édition, 17 galeries françaises ou étrangères qui font leur premier pas à Paris. Dédiée à l’art contemporain et à l’art moderne, la foire française, qui attend quelques 70.000 visiteurs sur 3 jours, sait que sa programmation éclectique séduit de nouveaux marchands qui reconnaissent la forte exigence des organisateurs et la qualité du renouvellement. Cette confiance et cette adhésion sont plutôt de bon augure.
La présence internationale se renforce.
L’ambiance sereine qui y règne y est aussi certainement pour quelque chose. La présence internationale se renforce avec l’arrivée, entre autres, de Sabrina Amrani (Madrid), Beck & Eggeling et Pasquer (Dusseldorf, Paris), Lange+Pult (Zurich, Genève), Senda (Barcelone), Rüdiger Schöttle (Munich) Tang Contemporary (Beijing), Waddington-Custot (Londres), Wilde (Genève), W&K Wienerroither & Kohlbacher (Vienne, New-York). A noter, la programmation ambitieuse s’’enrichit de plateformes thématiques, d’expositions, de prix et de conférences, accompagnée d’un programme VIP hors les murs de 31 rendez-vous dans les institutions parisiennes dédié aux collectionneurs et professionnels de l’art invités. Autant le dire, trois jours sous tambours battants. Par ailleurs, la sélection 2025 illustre clairement l’ADN d’Art Paris qui se veut une foire à la fois régionale et cosmopolite, orientée vers la découverte sans posture ni arrogance. Avec 60 % d’exposants français, 40% venant de l’étranger et 36% de nouvelles participations, Art Paris met en avant la richesse de l’écosystème français des galeries tricolores. Et face à cette engouement général, l’Asie comme les Etats-Unis suivent les choses de près. Cette année, les galeries Sémiose, Christian Berst, Mennour rejoignent le contingent des enseignes fidèles à la foire. A ne pas manquer « Hors Limites » par Simon Lamunière : à travers une sélection de 18 artistes internationaux, le commissaire d’exposition indépendant explore la création contemporaine sous le prisme du métissage, de l’hybridation des formes, des genres, des cultures et des parentés. Fabuleux !
Enfin, foire inclusive et ouverte à tous les médiums, Art Paris lance en 2025 (année qui marque, rappelons-le, le centenaire de l’exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes) un nouveau secteur French Design Art Edition, confié à Jean-Paul Bath et Sandy Saad, commissaires d’expositions et dirigeants de l’association Le FRENCH DESIGN. Situé sur les balcons Nord de la Nef du Grand Palais et scénographié par les architectes Jakob + MacFarlane, ce secteur accueille une sélection de 18 exposants (architectes d’intérieur, designers, éditeurs ou galeristes spécialisés dans le design) qui présentent des pièces de design et d’architecture d’intérieur contemporaines, uniques ou en série limitée, et sera complété par une exposition collective sur 130m2, explorant les croisements fertiles entre art et design, la relation aux savoir-faire et à l’objet dans le contexte de la création contemporaine. Coup de coeur pour l’exposition « le Chuchotement des mains », les Rencontres Equinoxes de la maison de maroquinerie Camille Fournet Paris à l’espace du Paddock, promenoir Sud. Cet espace hybride mêle la création contemporaine à l’artisanat d’excellence et témoigne de ces rencontres entre l’artiste et l’artisan à travers la sélection d’une dizaine d’œuvres de Yasmina Benabderrahmane, Recycle Group, Ittah Yoda, Maude Maris, Fabrice Hyber et ORLAN. Un programme qui devrait confirmer, en parallèle de la foire PAD Paris aux Tuileries, que l’incontournable Art Paris (où les places sur dossiers sont chères désormais) garde une ambition intacte dans une belle montée en puissance. L’outsider, passé challenger, affiche des signes de bonne santé certains. Et quand l’art bat son plein, EDGAR vous y emmène !
Journaliste spécialisé en art contemporain et design, Clément Sauvoy est également commissaire d’exposition et collectionneur.
Contact Instagram
