Deux ans après le lancement des travaux, l’écrin d’Ouchy surplombant la baie du Léman dévoile l’aile Beau-Rivage dans un réveil enchanteur signé par le cabinet d’architecture Pierre-Yves Rochon. Une rénovation au raffinement ultime où l’art de vivre se fait connecté et avant tout durable !
Benjamin Chemoul, nouveau directeur général de Beau-Rivage Palace (nommé en janvier dernier) le confirme aussitôt, l’aura légendaire de cette institution a permis l’une des plus belles réussites du genre en rouvrant un mythe plus beau que jamais dans un nouveau chapitre de son histoire. Sans équivalent, ce palace disposant d’un parc de 4 hectares aux jardins classés (faisant de lui le plus grand parc d’hôtel en ville), au rayonnement sans pareil, que l’on pourrait comparer dans sa beauté époustouflante à la Villa d’Este du coté du Lac de Côme, cultive un seul et même univers dont il détient seul le secret et les clés.
En prenant le pari d’un avenir radieux, la Fondation Sandoz (propriétaire de six hôtels de prestige situés en Suisse : le Riffelalp Resort à Zermatt, l’hôtel Palafitte à Neuchâtel, le Beau-Rivage Palace, le Lausanne Palace, le Château d’Ouchy et l’Angleterre & Résidence à Lausanne) sait qu’elle doit rester fidèle à sa devise de « la tradition en mouvement » mais aussi répondre à trois idées essentielles. D’une part, conserver l’esprit d’une maison intime et personnelle tout en proposant une modularité des espaces. D’autre part, préserver le patrimoine architectural tout en garantissant des prestations technologiques performantes. Enfin, célébrer le cadre naturel exceptionnel tout en limitant l’impact technologique des travaux engagés. Le challenge dans le brief initial se formule donc ainsi : comment conserver l’harmonie et garder l’identité du premier palace de l’arc lémanique où fut signé en 1923 notamment le célèbre traité de Lausanne définissant les contours de la Turquie moderne. Pour prendre la mesure du mythe, il suffit de s’arrêter quelques instants sur la liste des célébrités hébergées dans les suites historiques du palace : John Kerry, Coco Chanel, Charlie Chaplin, Irène Jacob, Daniel Brühl, Marie Gillain, Max Linder, Diana Ross, Phil Collins, Al Pacino, Grace Kelly, Sofia Loren, Willem Dafoe, Paul Newman, Matt Dillon…
Parmi cette longue liste de stars et d’hôtes illustres, le personnel se souvient de Monsieur Guerlain qui avait pour habitude de passer ici un mois complet de villégiature. On pense également à Albert Cohen qui écrivit en son temps et en ce lieu de paix l’ouvrage Belle du Seigneur et qui était autant attaché à son chicissime ascenseur doté de son moteur Rolls Royce qu’à son mobilier Napoléon III. Fidèle entre les fidèles, Vincent Perez prend régulièrement ses quartiers au légendaire « BRP » dans le cadre du festival des Rencontres du 7ème Art en qualité d’organisateur et de fondateur de cet événement immanquable de Lausanne.
Des matériaux respectueux de l’environnement
Indissociable de l’hôtel, le lac, dans sa chromie et ses nuances, entre littéralement dans les 63 chambres et plus précisément dans les neuf suites iconiques de ses deux ailes (Suite Riviera, Suite Art Déco, Suite Malmaison, Suite Royale, Suite Impériale, Suite Paradiso, Suite Panoramic, Suite Duplex, Suite Spa) dans des personnalisations poussées à l’extrême. L’architecte Pierre-Yves Rochon en maître d’orchestre éclairé et qui avait déjà signé la rénovation de l’aile Palace en 2014, a convoqué les meilleurs artisans locaux qui ont travaillé avec des matériaux respectueux de l’environnement. Le travail, en tout point parfait des courtepointières, accompagne le parti pris de proposer une forme d’épure lumineuse dans un juste équilibre entre des pièces de mobilier nouvellement créées et des pièces-trésors d’époque venues du garde meuble et des archives papier du palace. Lors de notre déambulation, on est sidéré par le caractère ultra modulable de la Suite Art Déco pouvant se développer avec d’autres suites pour offrir 10 couchages et devenir ainsi la plus grande suite de l’hôtel, permettant d’accueillir des familles complètes et des délégations dans un confort optimum. Tout aussi impressionnantes, la Suite Impériale avec ses 115m2 de terrasse et la Suite Panoramique offrant un rooftop à couper le souffle face à la beauté tellurique des montagnes, cultivent la sérénité absolue dans de somptueux pieds-à-terre de légende. L’excellence et l’exigence de cette rénovation trouvent également leur splendeur et leur démesure dans ces quelques chiffres qui donnent le vertige : 200 tissus différents, 25000 m2 de peinture, 3400 m2 de marbre, 2630 m2 de corniches, 2500 objets, 2060 m2 de parquet, 30000 m2 de plâtrerie, 15 kilomètres de moulures en bois… Chaque chambre et suite fait l’objet d’un équipement en domotique et connectique de pointe : celui-ci assure la gestion de l’intensité de la température et de l’intensité lumineuse en fonction de l’occupation, de la période de la journée et des saisons.
On se dit que loin de tout « show off », rien n’est véritablement déraisonnable à Beau-Rivage tant le personnel choie naturellement ses clients dans la plus sincère confiance et la plus grande politesse en proposant pour certains des taies d’oreillers brodées à leurs noms et des offices privés pour laisser leurs effets personnels « à demeure ». Secrètement niché dans cet écrin de verdure et rénové peu de temps avant, le nouveau Spa de Beau-Rivage Palace est un cocon qui agit sur le corps et l’esprit avec notamment le très demandé coach sportif Jeremy Peltier et sa bienveillante équipe qui ont défini une approche sur-mesure unique. Impossible de quitter le mythe de « BRP » sans découvrir la table deux étoiles d’Anne-Sophie Pic. L’expérience culinaire hors-norme, livrant un profond sentiment d’apaisement et de volupté, nous permet de savourer cette partition virtuose se jouant à chaque seconde au sein d’un des plus prestigieux palaces de la planète. L’expérience vécue sur les rives du Léman fait que le temps s’arrête et que la magie opère entre un délicieux sentiment de mystère et cette sublime abstraction !
Journaliste spécialisé en art contemporain et design, Clément Sauvoy est également commissaire d’exposition et collectionneur.
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