Recevez la newsletter

NUMÉRO EN KIOSQUE

Benoit : Kelly Jolivet, gardienne du flambeau

Seul bistrot gastronomique à avoir une étoile au Michelin, cette adresse parisienne, revisitant les grandes recettes de la gastronomie française, défend une cuisine incarnant toute la beauté du patrimoine culinaire. Et le décor régale autant que l’assiette !

L’irrésistible cuisine de Kelly Jolivet, mariant gourmandise et sincérité, fait que l’on se presse pour venir s’attabler car l’expérience gustative, sans pompe ni apparat, se vit de l’arrivée au départ du client. Cette institution insubmersible au décor 1912 (date de création de Benoit) dévoile une âme enjouée au coeur de Paris et cultive sa différence dans des plats concoctés avec amour et humanisme. On se bouscule donc au portillon pour respirer le bonheur de cette adresse ne manquant pas d’atouts. L’ambiance pleine de panache en cuisine est plutôt à la fête, comme en salle d’ailleurs. Le  Benoit de Michel Petit est depuis 2005 dans la galaxie d’Alain Ducasse qui a créé quatre Benoît : à New York, au Louvre, à Tokyo, et un comptoir à Osaka.

Succédant depuis janvier 2022, à Fabienne Eymard, la brillante cheffe trentenaire haut-savoyard Kelly Jolivet ( passée notamment par le Louis XV à Monaco et ex cheffe de Ducasse sur Seine) permet à Benoit de poursuivre sa trajectoire parmi les Grands Bistrots de Paris. On se lance alors dans la dégustation, vaillant, après un délicieux accueil d’Emma Riomet, à la direction de la salle, qui ouvre le bal des festivités avec un subtil Pol Roger 2015. Les assiettes siglées d’un « B », annoncent par ce cachet de la maison, de beaux auspices. Entrant par les fondamentaux dans la dégustation, on fait l’expérience du légendaire pâté en croûte pickles de légumes d’une angélique innocence dans ce fin répertoire culinaire.

Le nougat glacé, cette parenthèse de folie douce.

La tradition est ravivée. Le sommelier Louis Liberti imagine cet accord mets et vins avec un Meursault floral du Domaine Michel Lafarge. Arrive ensuite l’immanquable turbot doré, carottes fondantes et sucs de cuisson. Un silence s’installe tant l’assaisonnement y est parfait dans une juste quantité de condiment. On retient son souffle à l’arrivée, sous belle cassolette, du divin Sauté gourmand de ris de veau, crêtes et rognons de coq, fois gras et jus truffé. L’absolue saveur dans la réjouissance est sidérante. L’élégance et la puissance contenue du Côte de Nuits-Villages 2019 de la maison René Bouvier à Gevrey-Chambertin, qui accompagne le maître-plat, s’impose comme une pure évidence.

A l’instant du dessert, le sacrilège nougat glacé régale les papilles de sa fraîcheur sans égale et de sa généreuse robe nimbée de pistache-passion. Le sommelier, livre alors son plus bel acte de bravoure en associant cette parenthèse de folie douce à l’éblouissant sauternes Château Coutet 2015. C’est alors que les profiteroles Benoit à la sauce chocolat chaud et glace vanille par Alain Ducasse arrête le temps. Au sortir de la dégustation de cette table éblouissante à deux pas de la Tour Saint-Jacques et de l’Hôtel de Ville, on se dit que les classiques et les fondamentaux, fidèles au style ducassien, s’autorisent, sous la baguette de Kelly Jolivet une magnifique liberté respectant toujours l’identité . Il y a ici comme une mémoire dans l’air d’un « bien manger à la française » qui règne. Un esprit Benoit où la bonhommie du service et du personnel livre un art de vivre bistrotier flirtant avec le sans faute !

www.benoit-paris.com