A la tête du Domaine de Chaumont-sur-Loire, cette femme d’action est parvenue à mettre en œuvre sur les 32 hectares du château, un Centre d’Arts et le célèbre Festival des Jardins. Et vient d’inaugurer récemment l’hôtel Le Bois des Chambres : un havre de quiétude et de volupté, surplombant la Loire !
Le parcours et le curriculum vitae de Chantal Colleu-Dumond sont pour le moins impressionnants : ancienne directrice de l’Institut Français d’Essen, attachée artistique à Bonn, conseillère culturelle auprès des ambassades de France à Rome, à Bucarest et à Berlin, Direction de l’Abbaye de Fontevraud et des affaires internationales du ministère de la Culture… Tout cela avant qu’elle ne lance en 1992 l’exceptionnel Festival des Jardins, dont la fréquentation ne cesse de grimper. Car pour cette femme d’influence, passionnée de littérature et de gastronomie, seuls comptent la nature, le patrimoine et les arts. Cette agrégée de Lettres Classiques, qui est par ailleurs l’auteure chez Flammarion de deux ouvrages : Jardin contemporain, mode d’emploi (2012) et Art et Nature à Chaumont-sur-Loire (2017), a cultivé très tôt l’idée de mêler les arts du jardin et l’art contemporain en invitant régulièrement des designers, des paysagistes et des scénographes de renommée internationale.
Ouvert 363 jours par an, le domaine tisse un dialogue fertile entre architecture et art contemporain en cultivant une atmosphère particulière sous des sollicitations visuelles et sensorielles uniques. En effet, le renouvellement ici est permanent. L’ouverture récente de l’Hôtel Le Bois des Chambres, à l’architecture raisonnée, illustre cette logique ambitieuse et accompagne parfaitement cette dimension d’accueil et d’hospitalité dévoilant la « philosophie sous-jacente de Chaumont ». A ce titre, la visionnaire directrice du Domaine a fait appel aux architectes Patrick Bouchain et et Loïc Julienne qui ont imaginé 39 suite en préservant le caractère agricole de l’existant. Les plantes horticoles persistantes accompagnent le geste architectural de restauration de l’ancienne ferme en renouant avec la nature. Cette philosophie à échelle humaine, in situ et in natura, épouse un panorama enchanteur qui définit un ensemble féérique.
La célébration constante de la nature.
Les anciens corps de ferme sont les témoins d’un mode de vie en harmonie avec l’environnement régional. S’inscrivant dans la continuité de l’expérience artistique et culturelle surprenante du Domaine, cette nouvelle offre hôtelière a vu le jour sous les soins conjugués de l’architecte d’intérieur Isabelle Allégret, de la designer florale Clarisse Béraud, de l’architecte-paysagiste Bernard Chapuis, de l’Intendant Général du Domaine Laurent Lébé et du Responsable de l’hôtellerie et de la restauration Pascal Garnier. Un projet collectif pensé de concert sous les auspices de l’humilité et du plaisir de « faire ensemble ». A noter, l’ouverture en parallèle du restaurant Le Grand Chaume. Au sommet du toit en chaume poussent des iris et des plantes grasses. A l’intérieur, le plafond se perd très haut et couvre l’espace telle une voûte étoilée.
Au-delà de la démarche éco-responsable exemplaire, prônant le respect et la célébration constante de la nature, c’est une économie circulaire qui dicte les choix de la brillante commanditaire. Cette dernière privilégie un développement durable en accord avec les rythmes de la nature. Au programme donc, le recyclage, les filières locales et une production issue d’un potager géré selon les principes de la permaculture. On quitte le Domaine de Chaumont-sur-Loire, après avoir visité ses ruches, avec un sentiment de grande plénitude en se disant que l’on aime particulièrement ce lieu ouvert de rencontres à la pensée transdisciplinaire où la gastronomie y est gourmande et créative sous l’inventivité de Guillaume Foucault. Ce chef éclairé a ouvert en 2013, avec son épouse Quy Phi, Le Pertica à Vendôme qui sera étoilé au Michelin en 2017. Cette destination aussi incontournable qu’anticonformiste du Loir-et-Cher, marquée par l’assurance des beaux jours, n’a décidément pas à rougir de son titre de capitale mondiale de la création paysagère. A faire et à refaire, sans modération !
Journaliste spécialisé en art contemporain et design, Clément Sauvoy est également commissaire d’exposition et collectionneur.
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