Il poursuit sur les routes de France les représentations de son spectacle Di(x)vin(s). En attendant son passage sur TF1 dans sa propre série, Le Négociateur, François-Xavier Demaison parle de scène et de sa passion pour les belles amitiés comme pour les meilleurs crus .
Quelle a été la genèse de Di(x)vin(s) ?
Pendant le confinement, j’écrivais mon quatrième spectacle. Je me suis dit que les trois premiers étaient sur le même principe. Je voulais un fil rouge un peu différent, quelque chose qui me raconte. Une forme de machine à remonter le temps. L’époque était à l’isolement, la distanciation. Je me suis dit que, finalement, une fois le confinement terminé, que souhaiterions-nous pour la plupart ? Se retrouver entre amis, entre gens qu’on aime, autour d’une bonne bouteille. De se souvenir aussi de ceux qui ont disparu. Pour moi, la bouteille de vin est une équation à plusieurs entrées dans le sens où elle me permet de voyager dans le temps, dans l’espace, d’aller aux Etats-Unis, de retourner en 1982, de croiser les gens qui ont fait le vin… En plus, personne n’est sans savoir aujourd’hui que le vin est une de mes grandes passions. Tout cela est très cohérent.
Comment le public réagit-il à cette passion partagée ?
Le vin reste un prétexte. Les gens rient du début à la fin. Il n’y a pas une date de tournée qui n’ait pas fonctionné. C’est une réussite. Nous avons pris le temps de l’écriture avec mes coauteurs Mickael Quiroga et Eric Théobald, qui est également mon metteur en scène. Et de nous plonger dans un vrai travail de fond sur les différents sujets abordés, d’arriver à la quintessence des choses. C’est, je pense, mon spectacle le plus abouti.
D’où vous vient cet amour du vin ?
De la transmission. Premièrement, par mon père qui avait cet amour du vin. Ensuite, par les tournées et les rencontres. Avec des vignerons, des cavistes, des sommeliers, tous ces passeurs. En faisant le tour de France une dizaine de fois, avec mes tournées, j’ai pu visiter de nombreuses régions et autant de terroirs.
Vous êtes-vous offert des parenthèses de dégustation entre deux spectacles ?
Oui. Cela arrivait parfois que je reste sur place. J’ai pu faire des rencontres extraordinaires avec le vin. Que ce soit dans le Rhône, la Loire, le Bordelais, dans le Sud de la France… De vraies amitiés sont nées grâce au vin.
Difficile de faire rire avec le vin ?
Je le répète, ce n’est qu’un prétexte. Mais le public est assez réceptif. Di(x)vin(s) n’est pas une conférence sur le vin, ni une dégustation. Par exemple, à un moment, j’ai 18 ans Mes parents m’invitent dans un grand restaurant pour fêter mon bac. On débouche une bouteille et soudain mon père… et là, je commence à incarner mon père. Il y a beaucoup de références communes avec les spectateurs.
Vous venez d’apparaître dans le controversé La Syndicaliste face à Isabelle Huppert. Vous serez bientôt sur TF1 dans la série Le Négociateur. La scène est-elle néanmoins vitale pour vous ?
Totalement. Et existentielle. J’ai besoin des planches pour apaiser je ne sais quelle partie de moi-même. Quand je ne suis pas monté sur scène depuis longtemps, j’ai l’impression de tourner en rond. Même si je fais du cinéma, je dirige un théâtre, je fais de la production et même un peu de vin aujourd’hui. J’ai besoin de cette épreuve de force de la scène pour être parfaitement équilibré.
En quoi vous démarquez-vous de vos confrères et consœurs (Carole Bouquet et José Garcia, entre autres) qui font également leur vin ?
Ce ne sont pas les mêmes régions tout d’abord. Le terroir est important. Les gens avec qui vous le produisez également. C’est une donnée tout à fait différente. Chez Mirmanda, nous avons trois petits hectares au cœur de la vallée de l’Agly, face à la grotte de Tautavel, dans un cirque naturel. Nous sommes entourés de montagnes. Nous faisons les vendanges, l’égrappage et le manuel avec les gens de là-bas. Tout ça se termine par un casse-croûte où nous faisons griller des saucisses catalanes. Un coup de rouge. Et c’est parti !
Votre avis sur le vin des gens du cinéma ?
J’ai goûté le vin de Pantelleria de Carole Bouquet. C’est somptueux cette roche volcanique, ces vendanges tardives. Un produit assez exceptionnel.
Et pour la suite ?
Pour 2024, je ne sais pas si j’écrirai une pièce ou si je prendrai une pièce qui existe mais j’ai envie de remonter sur scène dans le cadre du théâtre.
Photos : Stéphane de Bourgies
A Lille le 27 avril (Théâtre Sébastopol), à Serris le 12 mai (Ferme des Communes), à Notre Dame de Gravenchon le 16 mai (Les 3 Colombiers)….
Signature « historique » d’Edgar pour le cinéma, lecteur insatiable, collectionneur invétéré d’affiches de séries B et romancier sur le tard (Le Fantôme électrique, éd. Les Presses Littéraires).
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