Rencontre avec l’entrepreneur Philippe Giraud, héritier d’une dynastie de tonneliers, à l’origine de la marque Alfred Giraud. Une gamme élégante de whiskys 100 % français.
Partageant sa vie entre Miami, la Charente et Paris, Philippe Giraud, revient sur la genèse de sa création : un whisky hors norme vieillis dans de « très bons fûts de cognac ».
Histoire de famille
Pour parler alcool, il faut remonter la généalogie de sa famille. Une génération de tonneliers dont l’arrière-arrière-grand-père, Louis Giraud, décide de changer de cap en entrant, comme maître de chai, au service d’une petite maison de cognac qui deviendra grande. Nous sommes au début du XXe siècle. Juste avant la Grande Guerre. Son fils, Alfred Giraud, prend sa succession en devenant, à son tour, maître de chai en 1924. C’est à lui que la marque de whisky rend désormais hommage. André Giraud, l’un de ses deux fils, prend la relève en 1960 en poussant la modernisation des systèmes d’assemblage jusque dans les années 90. La rupture viendra donc de Philippe, 52 ans aujourd’hui, parti travailler pour un groupe de whisky écossais au milieu des années 90.
Un goût de la sophistication
À la tête de sa propre société, Philippe Giraud distribue aujourd’hui du vin et des spiritueux principalement en Amérique Latine et dans les Caraïbes. Il est également distributeur de marques de parfum et de cosmétiques célèbres dans plusieurs parties du monde. Et propriétaire de concessions de marques haut-de-gamme entre-autres en Amérique du Sud. « Toutes ces opérations, confie-t-il, nous permettent de financer le whisky Alfred Giraud. » C’est en s’inspirant de ces grandes marques de luxe, de ce prestige d’une « élégance à la française », qu’est née l’idée de ses propres whiskys. Retour en 2012, travaillant avec des maisons comme Hermès, Chanel ou Cartier, la famille Giraud décide de créer sa propre marque de luxe.
Le tour des distillats
Très vite, du fait du socle familial, le Cognaçais, les Giraud optent pour la création d’un grand cognac. « Mais, très vite, nous avons compris que nous ne pouvions pas nous retrouver face à des groupes aussi éminents que Hennessy ou Martell… » C’est là que le parcours professionnel de Philippe Giraud entre en jeu : « De mes années passées chez William Grant, je me suis dit : faisons un whisky. Mais un whisky écossais. Pas français ! Je devais être quelque peu formaté… » L’idée se prolonge, prend chair, s’élève. Un nouveau whisky écossais serait incohérent. Là encore, trop de grands noms, de concurrence. Puis, c’est l’épiphanie : la Maison Giraud lancera un whisky entièrement français. La recette ? Acheter les meilleurs distillats de whisky en France et les assembler à Cognac : « Aujourd’hui, nous avons notre single malt. Mais en 2012, nous n’avions rien. Alors, nous avons fait la tournée des distillateurs en France en achetant de petites quantités en Bretagne, en Lorraine… »
Vieilli en fût de cognac
« Si vous allez sur certains sites de vente en ligne britanniques, le prix des bouteilles d’Alfred Giraud est en train de s’envoler. » sourit l’homme pas peu fier de son (savoureux) produit. En neuf ans, l’aventure du whisky Alfred Giraud a pris une tout autre ampleur. Élaboré avec de l’orge française, il est distillé à Saint-Palais, dans la distillerie familiale Naud, entièrement dédiée au single malt. « Cette association avec la famille Naud, nous a permis de développer toute la chaîne, du grain au verre, pour faire notre propre single malt. » C’est dans son vieillissement en fûts de vieux cognac, voire très vieux cognac, que le whisky acquiert sa plus belle touche d’originalité : Assemblé par Georges Clot et Gaétan Mariolle, qui ont fait leur carrière dans le cognac, le whisky Giraud n’est produit qu’à hauteur de 35 fûts par an. « Nous sommes vraiment dans la haute-couture, l’exceptionnel. Il faut imaginer l’atelier d’un grand créateur de mode. C’est la même chose avec ce whisky. Nous assemblons, nous créons constamment… » conclut, passionné, Philippe Giraud.
Les whiskys Alfred Giraud se conjuguent en trois créations : Heritage (Triple Malt, 135€), Harmonie (Triple Malt légèrement tourbé, 155€) et Voyage (Double Malt, 155€). Disponible dans les boutiques spécialisées, les grands hôtels et les restaurants étoilés.
Plus d’informations dans le numéro 103 d’Edgar.
Signature « historique » d’Edgar pour le cinéma, lecteur insatiable, collectionneur invétéré d’affiches de séries B et romancier sur le tard (Le Fantôme électrique, éd. Les Presses Littéraires).
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