Sous la vision de l’architecte d’intérieur, Jean-Philippe Nuel, le Château-Hôtel Grand Barrail trouve un nouveau souffle sous le signe du design. Une destination pour la belle gastronomie et le bien-être qui a évidemment retenu l’attention d’EDGAR. Nous nous sommes donc rendus à Saint-Emilion pour vivre cette expérience lifestyle toute en élégance !
Jean-Philippe Nuel est un homme aussi complexe que subtil qui n’aime pas la redite. C’est pourquoi ses projets, toujours parfaitement sentis, ne se réduisent pas à un seul caractère et qu’ils font toujours écho à l’histoire des lieux dans leur ancrage originel. Ses hôtels sont, dit-il, comme des portes d’entrée sur une ville ou sur un terroir. Quand il se lance dans la transformation de cette ravissante chartreuse bordelaise aux allures de demeure impériale et construite par un industriel brasseur fortuné, l’architecte d’intérieur sait qu’il pourra jouer des matières et des textures dans des volumes généreux doués d’une histoire aussi riche que féconde. Son objectif principal sera de conserver l’âme des lieux en faisant quelques interventions choisies aptes à nourrir une atmosphère chic et conviviale. Si l’on retrouve au Grand Barrail, une réelle authenticité patrimoniale, à l’Esprit Grand Siècle dans les boiseries et les charpentes, on constate aussi que la fusion entre héritage classique et une esthétique contemporaine fonctionne à la perfection. Dès l’arrivée, on ressent l’aura singulière de ce 5 étoiles au coeur d’un parc de trois hectares jouxtant le ravissant village médiéval de Saint-Emilion et les célèbres châteaux Figeac, Angelus et Cheval Blanc. Le premier choc visuel, une fois passé par la verrière reliant le Château au lobby, se produira dans la salle dite mauresque qui nous éblouit avec ses vitraux spectaculaires.
On découvre alors l’amour du premier propriétaire René Bouchard pour l’Orientalisme et l’Afrique du Nord célébrés dans une mosaïque attrape-regards. Notre rétine est littéralement saisie par une scène fascinante se déroulant dans un désert lointain. Jean-Philippe Nuel (à qui l’on doit notamment l’aménagement du chai de Château Fonroque à 10 minutes de là) accompagne ce récit par touches discrètes dans un doux équilibre faisant vibrer la gamme chromatique mais sans jamais aller trop loin dans son propos. Il n’est pas à son premier lieu historique et pratique avec brio cet exercice consistant à conserver les traces du temps tout en y inscrivant un zeste agréablement contemporain. On connaît sa capacité à conserver les racines et à orchestrer la mue sans jamais travestir les épisodes du passé. Les pièces de mobilier signées Ligne Roset témoignent d’une envie d’injecter de la rondeur et un confort dans de petits îlots où le charme appelle également une sérénité ambiante. C’est bien vu et très réussi. L’architecte à travaillé par strates dans la sobriété sans forcer. Marier les époques n’est pas chose facile. Lors que nos visites de quelques-unes des neuf chambres historiques, les lits à baldaquin sont là pour nous dire que ce projet de caractère a été conduit à l’unisson du patrimoine sans procédés de tendances à tout prix. Sept mois ont été nécessaire pour atteindre les objectifs fixés avec la Famille Guillard (CHG Participations) également propriétaire des établissements Le Burgundy et Le Lancaster à Paris, ainsi que des Châteaux Mazeyres et Fonroque sur le portefeuille Vignobles.
Un vignoble s entièrement classé au Patrimoine mondial de l’Humanité par l’UNESCO.
Les extensions accueillent 37 chambres et suites permettant de contempler la magie d’un paysage immuable accueillant un étang. Depuis notre chambre, on observe un océan de vignes, aussi hypnotique que bucolique, nous rappelant que nous sommes ici plongés au sein de l’appellation Saint-Émilion située dans le Libournais, sur la rive droite de la Dordogne et s’étendant sur neuf communes productrices. Cette dernière occupe un plateau découpé par des vallons, définissant quatre types de terrains caractéristiques : des sols argilo-limoneux, des sols plus argileux, des sols calcaires et des sols composés d’alluvions de graves et de sables. Avec le chef Sommelier Thibaut Gaudillere, lors du diner gastronomique, nous évoqueront les vins amples de Saint-Émilion au grain si particulier. Leur structure, étayée par des tannins solides, s’arrondit avec le temps et s’enveloppe, dans les bons millésimes, d’une chair savoureuse. Ce vignoble, dont les vignes ici ont été plantées en 1152 lors du mariage d’Aliénor d’Aquitaine avec le Roi Henri II, est désormais entièrement classé au Patrimoine mondial de l’Humanité par l’UNESCO.
Le chef exécutif Quentin Merlet ( formé par le son mentor Frédéric Milan du Château de Mirambeau et dont le Gault&Millau accompagne le talent) traduit, sous ses trois menus, toute la merveille de ce terroir dans une orchestration remarquable de saveurs. Ses plats signature ? l’esturgeon caviar Perlita fumé aux sarments de vignes. Sur la ravissante partition bistronomique, le responsable du restaurant Albert Hochart accompagne, avec élégance, le propos. Les produits sont parfaitement sourcés, transformés sur place et accompagnés par une très belle cave qui souligne la féérie du moment. On apprécie ici cette manière de travailler avec les rameaux ligneux de la vigne pour fumer la viande et le poisson dans une assiette qui reste authentique et gourmande. Durant notre séjour, nous ferons également l’étape relaxante du Spa Sothys qui nous fait oublier les affres de la vie citadine. En quittant les lieux, on se dit que le coup de crayon inimitable de Jean-Philippe Nuel a su redonner tout le panache à cette ancienne folie (devenue, un siècle plus tard, le premier 5 étoiles éco labellisé de Nouvelle-Aquitaine) portée par les vibrations de l’amour et les fantasmes de voyages au long cours. Mais aussi que le chef, en bon passionné de rugby, cultive une partition du « simple comme à la maison » qui résonne comme une philosophie animée par une école de vie. Dans une admirable sincérité qui ne manque jamais de franchise et de générosité. Une adresse que l’on recommande pour un weekend assurément mémorable !
Journaliste spécialisé en art contemporain et design, Clément Sauvoy est également commissaire d’exposition et collectionneur.
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