Recevez la newsletter

NUMÉRO EN KIOSQUE

We Could Be Heroes : Raphaël Barontini

Le Centre des Monuments Nationaux invite, en carte blanche, l’artiste Raphaël Barontini pour une exposition au cœur du Panthéon, jusqu’au 11 février 2024, dans le cadre de son programme « Un artiste, un monument ». Un moment incontournable de culture, de recueillement et d’émotion !

Raphaël Barontini, 2023. Photo Gregory Boussac © Courtesy the artist and Mariane Ibrahim, Chicago, Paris, Mexico City.

Au sein du plus prestigieux des lieux de la mémoire nationale, Raphaël Barontini met en lumière des figures héroïques de la lutte contre l’esclavage, connues ou méconnues, ayant contribué à jouer un rôle marquant dans son abolition. Le visiteur fera, avant sa visite, un petit retour sur l’histoire du Panthéon : selon la volonté de Louis XV, l’église Sainte Geneviève est construite au centre de Paris entre 1764 et 1790. Le 4 avril 1791, l’Assemblée constituante décide de la transformer en Panthéon. Depuis 1885, année de la mort de Victor Hugo, y reposent ceux qui ont mérité de la patrie par leur engagement citoyen ou leur défense des valeurs républicaines, tels Victor Schœlcher, Jean Moulin, Marie Curie et Alexandre Dumas…

Ensuite, le regardeur constatera à travers des installations monumentales (textiles, bannières et drapeaux) mais aussi une performance, que le jeune artiste Raphaël Barontini offre un regard artistique contemporain sur des combats que l’exposition « Oser la liberté » éclaire d’un point de vue historique et pédagogique. En effet, Raphaël Barontini établit, dans son approche, une « contre-histoire » à travers la représentation de héros et héroïnes, réels ou imaginaires. Le plasticien investit le Panthéon où sont honorées plusieurs personnalités ayant œuvré́ en faveur de l’abolition de l’esclavage, comme Condorcet, l’abbé Grégoire, Toussaint Louverture, Louis Delgrès ou encore Félix Eboué. Il y conçoit une installation monumentale in situ, composée d’une haie d’honneur réunissant une quarantaine de drapeaux et une dizaine de bannières.

Répétitions au Panthéon, 2023. Photo Fabrice Gousset © Courtesy the artist and Mariane Ibrahim, Chicago, Paris, Mexico City

Les transepts nord et sud accueillent quant à eux, deux œuvres textiles panoramiques suspendues en partie haute des colonnes. Pour célébrer les croyances et les expressions caribéennes chères à l’artiste, Raphaël Barontini travaille par ailleurs à l’organisation d’un temps performatif prenant la forme d’une procession de carnaval antillais. Une performance créée en collaboration avec des musiciens, étudiants, vidéastes, vient activer les œuvres textiles et picturales installées dans le monument, afin de rendre vivante la mémoire de ces luttes.

Vue d’exposition

Une fresque à la fois historique et sensible.

Le Centre des monuments nationaux invite Raphaël Barontini à investir le Panthéon à l’occasion de la riche programmation « Histoire & mémoires des combats contre l’esclavage ». L’artiste intervient à travers une proposition composée de deux éléments forts et interdépendants : une installation monumentale, visible tout au long de l’exposition, et une performance activée lors du vernissage puis répétée à différents moments de l’exposition. Dans la nef du Panthéon, Raphaël Barontini souhaite « créer une fresque à la fois historique et sensible, créolisant les imaginaires, laissant une place primordiale aux acteurs et actrices du combat pour la liberté et l’égalité, ainsi qu’aux masses de personnes esclavisées anonymes. » La première partie de l’installation textile et picturale est installée sous forme de haie d’honneur à l’entrée du monument.

Vue de l’exposition

Cinq bannières et vingt drapeaux de grand format déployés de chaque côté de la nef présentent les portraits stylisés de figures historiques du combat pour l’émancipation et l’abolition de l’esclavage. La partie centrale et la plus monumentale de l’installation est accrochée dans les transepts nord et sud du monument. Plusieurs œuvres textiles de grand format composées de diverses strates seront suspendues à différentes hauteurs. « Répondant directement aux peintures historiques de Jules-Eugène Lenepveu, Puvis de Chavannes et Jean-Paul Laurens, narrant certains épisodes de l’histoire de France, ces pièces textiles auront, elles aussi, une dimension narrative et viendront apporter un contre-point historique. » explique-t-il.

Vue d’exposition

L’installation dans son ensemble est activée par une performance proposée plusieurs fois durant l’exposition. Pour l’artiste, cette exposition doit également être « un moment collectif de réflexion et de partage sur une histoire encore douloureuse, dont la performance sera le symbole. » Cette procession met à l’honneur les figures historiques honorées sur les bannières, formant le panthéon imaginaire de l’artiste. Magistral !

www.paris-pantheon.fr

Publié dans Edgar numéro 112.

Mots Clés