Youri Djorkaeff incarne la ligne Sport de la maison de couture Zilli. Entretien sur-mesure…
Racontez-nous la naissance de cette histoire de mode…
Elle a débuté pendant le championnat d’Europe de football de 2016. Zilli a proposé de m’habiller à l’antenne en tant que consultant sportif. J’ai adoré porter ces vêtements. En tant que Lyonnais, je connaissais évidement la marque ! Puis, j’ai rencontré Laurent Schimel (ndlr : le directeur) et cela a été une sorte de coup de foudre, entre Lyonnais qui aiment la mode ! Je suis devenu ambassadeur et rapidement je me suis pris au jeu… Il y avait une forte demande de dressing sportif et cela m’a poussé à aller plus loin que le fait de porter des vêtements. J’ai commencé à réfléchir aux modèles, aux coupes aux matières… C’est amusant car mon grand-père était tailleur et cela m’a replongé dans mes souvenirs d’enfance, de liasses de tissus, de craie, de ciseaux…
Votre surnom sur le terrain se glisse dans chacune des pièces de ce vestiaire masculin…
(Sourire) … Mon surnom était « le snake » et nous avons trouvé cette idée de signature des vêtements avec un serpent en métal argenté en forme de D, le D de Djorkaeff. C’est un détail qui me tient à cœur que l’on retrouve en mousqueton, en broderie…
Vous n’avez pas de formation de styliste, pourtant vous avez activement participé à la réalisation des modèles…
Je suis mon meilleur client… J’aime m’habiller et même si les hommes ont de plus en plus de choix, l’essentiel est d’être soi-même. Moi, qui voyage beaucoup notamment en avion, j’aime être élégant et confortable. Je me suis donc inspiré de mon quotidien pour créer une vingtaine de vêtements que j’ai envie de porter dans ma vie de tous les jours ; en rendez-vous, en voyage, le week-end ou pour pratiquer du sport…
Si vous ne deviez retenir qu’un seul modèle de la collection été ?
Le blouson léger avec la capuche. Chic, élégant et discret. Il me suit partout !
Les valeurs que vous partagez avec la marque ?
Leur approche de la création. Cela demande du temps pour mettre les matières en valeur… Et une certaine idée de l’excellence, de la relation humaine, du partage. Laurent Schimel et moi sommes des « fils de… » et l’on connaît la difficulté de se faire un prénom. Rien n’est acquis, tout se mérite…
Depuis septembre dernier, vous êtes à la tête de la Fondation FIFA. Les contours de cette fonction ?
J’y suis très heureux car on parle football, humanité et enfance. La Fondation a un an, ma priorité est que nous devenions LA référence dans le monde du sport. Aujourd’hui on travaille sur le lancement d’un programme mondial « Football for school » avec une application proposée à toutes les écoles. Chaque professeur de sport y aura accès et pourra devenir « entraineur » avec notre programme qui parlera de football bien sûr, mais aussi de tolérance dans une partie lifestyle. Nous aborderons les thèmes du racisme, de la discrimination… Le professeur pourra évoquer ces thèmes dans un climat plus détendu que derrière un bureau. En 3 mois, j’ai sillonné 29 pays pour la mise en place de ce programme prometteur.
Votre regard sur la « dégradation » de l’image du football dans certaines régions ?
Le football est le reflet de la société. Le stade est une arène où les gens s’expriment ; pour supporter une équipe mais aussi pour donner un sentiment… Aujourd’hui on parle de racisme, de discrimination dans le football. Sincèrement, je pense qu’il n’y a que la Fondation de la Fifa qui peut faire changer les choses. J’ai vécu des moments très forts notamment lors de ma première mission, en Iran, où pour la première fois depuis 44 ans, les femmes ont eu accès au stade. C’est la FIFA qui a fait pression sur le gouvernement iranien pour que les femmes puissent assister aux matches de football. Je garde le souvenir d’un moment unique, de voir ces femmes attendre pour entrer dans le stade et y pénétrer avec une grande joie pour assister à un match… Avec notre Fondation, dès que nous proposons un programme de football, c’est obligatoirement pour les garçons et les filles. Pour combattre le racisme, que l’on trouve surtout en Europe il faut le dire, nous réfléchissons à des programmes spécifiques au sein de la Fondation.
Si vous aviez 10 ans aujourd’hui, quel footballeur vous ferait rêver ?
Kylian Mbappé sans hésiter ! Son charisme, son jeu, son éducation… Il fait rêver.
Quel sportif garde votre admiration à jamais ?
J’ai toujours été fan de Johan Cruyff. Et en dehors du foot, Mickael Jordan !
Si vous ne deviez retenir qu’un match de votre carrière ?
La finale de la Coupe du Monde, le 12 juillet 1998 ! Jouer une Coupe du Monde c’est déjà extraordinaire. Gagner face au Brésil dans ce Stade de France, à Paris, construit pour nous, quelle émotion ! Nous avons été les premiers à le faire. C’est indescriptible et gravé à jamais dans ma mémoire…
Photographe : Alfonso Anton Cornelis, Stylisme : Enrique Cherubini, Coiffeur-maquilleur : Riccardo Morandin. Shooting réalisé à l’Hôtel de Paris – Monte Carlo.
Par Corinne Marcheix-Picard
Publié dans Edgar n°100